De retour de la semaine d'équitation campagnarde, un milieu dans lequel des questions telles "
How is your ass ?" et "
How are your balls ?" sont non seulement acceptables, mais pertinentes.
Le voyage avait bien mal commencé. Après l'addition à la onzième heure d'un jeune (quand je dis jeune, ça veut évidemment dire plus jeune que moi) couple suédois, notre équipée a parcouru sur des routes inhospitalières les 400 km qui nous séparaient de Kharkhorin, notre point de départ. À l'arrivée, notre hôte et G.O. local, Poudji, nous accueille en nous disant que les chevaux n'étaient pas prêts, qu'il savait pas trop quand on pourrait partir. Bref, ça allait mal.
On a finalement réussi à quitter la poussiéreuse miniville le surlendemain, chacun sur sa monture. On a atteint la yourte où nous dormirions vers 19h, après une heure de chevauchée nocturne angoissante. Mon cheval fonctionnait mal à ce moment-là, mais on a fini par mieux s'entendre au fil des jours. Mais bon, je me suis attiré les railleries de mes compagnons parce que l'animal obéissait à à peu près tout le monde sauf moi.
Pendant cette semaine :
-Nous avons dormi sur des planchers de yourtes chaque soir.
-J'ai mangé plus de mouton que je m'en croyais capable.
-Le démon du jeu s'est emparé de nous, contribuant à cimenter la relation entre les familles et nous, et à augmenter le salaire de nos guides.
-J'ai uriné en sol sacré sans faire exprès.
-J'ai mangé de la moelle épinière de yak.
-Johan, le Suédois, s'est étouffé avec ladite moelle épinière. Les enseignements du bon Dr. Heimlich l'ont toutefois vite ramené dans le camp des eupnéiques. Tout comme Cristobal contre la Floride mardi, ma moyenne d'efficacité s'élève à 1.000
-J'ai appris à compter jusqu'à 10 en mongol, en suédois et en irlandais.
-Autour d'un monastère, je me suis contorsionné dans une grotte pour symboliser ma renaissance.
-On a découvert la diversité de jeux basés sur les osselets de chèvre.
-Le dernier matin, on n'a pas pu quitter avant d'avoir bu un 26 onces de vodka offert par la famille de notre guide.
Vraiment une belle aventure. La steppe mongole en novembre est un paysage d'une belle désolation. Que de l'herbe sèche, des vallées ensoleillées et venteuses, des collines enneigées. Et le froid, bon Dieu, le froid ! Mais ça fait apprécier l'entrée dans une yourte, où un bon petit feu dégèle rapidement l'orteil. On prévoit -29 cette nuit, si ça peut vous donner une idée. Dans la yourte, la nuit, après que le feu se soit éteint, ça donne un petit frisson.
Que dire de plus ? Les nomades mongols vivent une vie très traditionnelle, quoique quelques yourtes disposent d'une antenne parabolique. L'autarcie est presque complète, tout vient des animaux qu'ils possèdent : vêtements, lait, nourriture... Dans n'importe quelle yourte, frapper à la porte est impoli. On est toujours invités : suffit d'entrer, et ils préparent à manger et te gardent à dormir. Une seule pièce, avec une efficacité de rangement tout à fait impressionnante. Le fait que nous étions six a limité la communication avec les familles, les conversations de
phrasebooks étant assez pauvres. Ça reste toutefois une source d'humour infinie, surtout quand il contient des phrases telles "Pourriez-vous m'arracher quelques cils s'il vous plaît ?".
Priceless.Une belle complicité s'est établie entre les membres du groupe. Et un Irlandais qui a le sens de l'humour vient avec une quantité effarante de
jokes de patates.
De retour dans la métropole, là où, paraît-il, des dizaines de milliers de nomades mal informés auraient déménagé leur yourte dans les dernières années, créant d'importants îlots de pauvreté urbaine. Le mouvement aurait toutefois ralenti au cours des deux dernières années, les nomades ayant arrêté de croire les promesses de richesse monétaire...
Soulignez dignement la Journée internationale du sida et n'oubliez pas votre premier chocolat du calendrier !