mercredi 15 novembre 2006

Desolant

Dans mon marathon d'information quebecoise, je m'aventure sur le site de MA television federale et qu'y trouve-je ? Un fabuleux debat social ! La pose de fenetres givrees au YMCA d'Outremont pourrait etre un amusant fait divers n'eut ete les commentaires qu'on trouve sur le blog d'Anne-Marie Dussault. Navrant. Qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'il y a juste moi qui trouve ca ridicule ? Anyway, vous devriez lire ca.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/carnet.asp?numero=79841&auteur=2059&type=texte&niveau=3

J'ai pas pu m'empecher d'ajouter mon grain de sel, j'etais decidement trop stupefait.

"La communaute juive hassidique fait, il me semble, partie du Quebec. Ses valeurs ne sont, il est vrai, probablement pas celles du Quebec blanc francophone. Mais on ne parle pas d'une institution gouvernementale; la pose de fenetres givrees dans un YMCA d'Outremont ne represente en rien une reconnaissance officielle par la province du statut de tentatrice de la femme. La communaute juive hassidique d'Outremont doit constituer une partie importante de la clientele du YMCA du quartier. Il est normal que cette institution reflete les valeurs de ses utilisateurs. Il me semble que rien dans cet episode ne mette de quelque facon en peril les droits legitimement acquis par la femme quebecoise.

Au nom de quoi cette levee de boucliers pour une affaire qui ne devrait, au fond, que concerner les utilisateurs du YMCA d'Outremont ? Si ces fenetres leur posent vraiment probleme, ils sauront certainement se manifester et signer cette petition dans la mesure necessaire au changement de la politique du YMCA. Nul besoin d'en faire un debat social. Et soyons serieux, le YMCA exigerait-il des femmes qu'elles s'exercent voilees ?

Les commentaires sur le renvoi en Israel des Juifs hassidiques (qui etaient a Montreal bien avant la fondation d'Israel !) et sur les valeurs des immigrants en general sont navrants. On debat sans fin des solutions a la catastrophe demographique qui nous attend et met en peril la securite sociale et le systeme de sante. L'immigration est un des elements principaux (et essentiels !) contribuant a l'allegement de ce choc demographique. Acceptons que nous ne vivons plus en 1960 et tentons de batir la societe quebecoise ensemble au lieu de rejeter les nouveaux arrivants d'un "Eh bien, qu'ils s'en aillent s'ils ne pensent pas comme moi"."

4 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Hey hey!

Content de voir que ça roule pour toi. T'iras voir tes emails, j't'ai envoyé un ti-cadeau!

Michel

mercredi 15 novembre 2006 à 22 h 25 min 00 s UTC+7  
Anonymous Anonyme a dit...

Ben Bon!

Marie-Pied

jeudi 16 novembre 2006 à 06 h 29 min 00 s UTC+7  
Anonymous Anonyme a dit...

Re-bien le bonjour!

Tu nous invites explicitement à nous prononcer sur cette histoire, alors je vais m'exécuter.

J'ai lu en diagonale quelques-uns des écrits laissés sur le blogue d'Anne-Marie Dussault. J'y ai trouvé quelques commentaires qui m'ont semblé justes et pertinents. J'ai aussi vu quelques messages qui, partant d'un attachement plus ou moins bien verbalisé envers la laïcité, dérapent tristement vers la xénophobie. (Les discours qui brodent autour de formules du style « ces gens-là » tombent presque invariablement dans de tels abîmes.) Ces manifestations d'intolérance m'ont attristé, bien entendu.

Voilà pour les commentaires de quelques internautes que je qualifierais d'abrutis par leur indignation. (Je vais quand même revenir brièvement sur ce sujet précis à la fin de ce commentaire.)

Toutefois, ce qui m'intéresse davantage, c'est le débat que cette affaire a suscité en tant que tel. Si je suis en accord complet avec ton dernier paragraphe, je ne partage pas par ailleurs le reste de ton analyse.

Il me semble que rien dans cet episode ne mette de quelque facon en peril les droits legitimement acquis par la femme quebecoise.

Je ne crois pas que, dans la présente affaire, le problème se pose tel que tu le présentes. Ce ne sont pas les droits des femmes qui sont directement mis en cause ici — ce sont ceux de tous les membres du YMCA qui utilisent la salle concernée. On comprend aisément, toutefois, que les femmes se soient senties particulièrement interpellées, puisque ce sont elles qui sont visées à travers la demande de la communauté hassidique de l'endroit. Il ne s'agit donc pas de déterminer si la requête de la communauté hassidique « met en péril » les droits de la femme (quoiqu'il serait intéressant, je crois, de se pencher plus largement sur les effets « structurels » que peuvent avoir les accommodements octroyés en fonction de motifs religieux, d'un point de vue juridique — sur les autres droits et libertés protégés par la Charte des droits et libertés de la personne, par exemple — et d'un point de vue social). (Je m'excuse pour la phrase compliquée à parser: il est tard/tôt et je sais pas écrire.) Il s'agit plutôt de voir si la requête faite par la communauté hassidique est acceptable pour les membres du YMCA.

Il est important de préciser qu'on n'est pas sur le terrain de l'obligation juridique de l'accommodation (raisonnable) dans le présent cas, mais plutôt sur celui d'une « adaptation volontaire à une demande ». Plutôt que de me lancer dans une longue explication, je vous invite à écouter les interventions de Julius Grey et Rachida Azdouz à l'émission de Maisonneuve, accessibles sur cette page (les troisième et quatrième intervenants; je suggère tout particulièrement d'écouter Rachida Azdouz si vous voulez faire vite [elle se pointe à peu près au milieu du clip — très précisément à 22:18...]).

À l'émission de Désautels (accessible sur la même page), Marc-André Dowd, président par intérim de la Commission des droits de la personne, reprend à peu près le même discours.

Un résumé: il n'y a pas de discrimination ici, donc la notion d'obligation d'accommodement n'entre pas en jeu. De plus, même s'il y avait eu discrimination, il aurait fallu s'assurer que l'accommodement envisagé n'entraîne pas de « contrainte excessive ». Écoutez l'entrevue: c'est expliqué simplement.

Au nom de quoi cette levee de boucliers pour une affaire qui ne devrait, au fond, que concerner les utilisateurs du YMCA d'Outremont ? Si ces fenetres leur posent vraiment probleme, ils sauront certainement se manifester et signer cette petition dans la mesure necessaire au changement de la politique du YMCA. Nul besoin d'en faire un debat social.

Tu auras compris que je m'inscris en faux contre cette vision des choses — en particulier, je ne suis pas d'accord avec cette dernière phrase. La décision quant à la façon de réagir aux demandes de la communauté hassidique appartient aux membres du YMCA, certes, (d'ailleurs, l'essentiel du problème est là: les membres n'ont jamais été consultés sur cette décision), mais je ne pense pas qu'on puisse reprocher aux citoyens (à la société civile, komme kon dit) de s'approprier le débat que peut susciter une telle « affaire » — un débat aux larges et importantes ramifications (si si!)

Sur ce sujet, justement, je trouve que Mme Azdouz a été très éloquente. Je fais référence ici à ses derniers propos: ce n'est pas une tempête dans un verre d'eau, ça peut aller jusqu'à compromettre la paix sociale (si les citoyens « ordinaires » ont la perception que les décisions sont toujours en faveur des demandeurs d'accommodement), il est heureux que le débat se fasse, etc. (Je recopie/paraphrase de mémoire.)

jeudi 16 novembre 2006 à 16 h 06 min 00 s UTC+7  
Anonymous Anonyme a dit...

Puisque Guillaume G. a parti le bal, j'y vais de mon grain de sel. J’ai peur d’être en désaccord avec toi, Simon (tu auras compris qu’il s’agit d’une peur surtout rhétorique, heureusement !).

Beaucoup de gens, devant ce débat, se sont spontanément dit : « pourquoi la synagogue ne givre pas ses vites plutôt ». Je crois que c’est là faire preuve d’une belle sagesse.

Acceptons que nous ne vivons plus en 1960 et tentons de bâtir la société québécoise ensemble au lieu de rejeter les nouveaux arrivants d'un "Eh bien, qu'ils s'en aillent s'ils ne pensent pas comme moi".

Ce n’est pas un tel dilemme. Verrons-nous, un jour, un Québec où toutes les minorités culturelles vivront en harmonie avec la majorité et où tous se croiseront et feront le pays de demain ? Non. Les juifs hassidiques voteront-ils majoritairement oui un jour ? Non. Doivent-ils s’en aller en Israël et y rester pour autant ? Non. Est-ce que l’immigration est nécessaire pour palier le déclin démographique au Québec ? Probablement. Est-ce que l’immigration est un droit fondamental inhérent à la condition de terrien ? Peut-être, mais c’est une autre question.

Nous sommes post-modernes ici et, surtout, par les temps qui courent. Alors le Québécois se dissipe : il se livre au culturisme ou vote conservateur ou se fait épiler l’aine avec un rayon laser ou lit pour se cultiver ou espionne les voisines du bloc voisin avec des jumelles. La cohésion sociale n’est pas à son plus fort, à part quelques petites cordes communes qui, parfois, résonnent en harmonie quand la radio fait passer des vieux clips de R.L. Bon, d’accord, des cordes presque communes… Tu veux te faire percer le nombril, déambuler sur la place publique en fumant de la marijuana, regarder Loft Story, faire une double pénétration avec une pute et le concierge de ton bloc ? Go for it, comme on dit avec le peu d’anglais qu’on connaît. No problemo, comme on dit avec l’espagnol qu’on ne connaît pas.

Mais voilà : des groupuscules existent qui vivent comme on a déjà vécu, c’est-à-dire sous un système (souvent religieux, donc de droit divin) de règles, us et coutumes garants d’une cohésion sociale. C’est cet élément précis, la cohésion, qui est au centre de ma réflexion. Quand une minorité culturelle demande un accommodement raisonnable (c’est ce dont il est question ici, je crois, quoi que le concept ne doivent pas être pris dans son sens légal) c’est, dans la très grande majorité des cas, pour maintenir un élément qui apporte une cohésion sociale. Résultat : nous, société composée d’individus qui, depuis longtemps, veulent et peuvent vivre comme ils l’entendent, accordons à diverses communautés le droit de maintenir, par l’obscurantisme bien souvent, leur cohésion sociale. Par relativisme, nous permettons la rigidité doctrinaire. Voilà qui est, j’en conviens, à notre honneur. Voilà, par contre, qui, à terme, ne mènera qu’à la création d’îlots à l’identité forte dans notre société à l’identité divise. Ce n’est pas un melting pot, c’est un biscuit aux pépites de chocolat multicolores.

Les femmes, au Québec, peuvent faire de l’exercice en tenue légère, même à l’extérieur et même près d’une fenêtre. Parce que c’est confortable premièrement, et, deuxièmement, parce qu’on aime, et même comme société, être soumis à des stimuli sensuels, séduire et être séduits. Ce n’est certes pas parce que le YMCA givre ses vitres que ce droit est menacé. Par contre, il nous faudra, tôt ou tard et, je l’espère, plus tôt que tard, concevoir notre approche de l’immigration et du multiculturalisme avec prévoyance et en tenant compte du principe de réalité. Si l’immigration est une solution réaliste et complètement envisageable au déclin démographique, ce n’est néanmoins pas une solution facile : elle modifiera le Québec pour toujours. Nous pouvons, en grande partie déterminer dès maintenant la profondeur et la forme de ces modifications.

P.-S. Pas sûr que le YMCA compte une grande partie de la communauté juive hassidique dans sa clientèle. S’ils y vont, j’espère au moins qu’ils se bandent les yeux…

vendredi 17 novembre 2006 à 04 h 41 min 00 s UTC+7  

Publier un commentaire

S'abonner à Publier des commentaires [Atom]

<< Accueil